La lueur du feu crépitait sur son visage. Dans ce dimanche matin de novembre, elle avait entreposé sur sa table de jardin tout ce qui lui restait de souvenirs concernant cette relation. Six mois déjà qu’il était parti. Il était temps de quitter la maison où ils avaient vécu leur histoire. Le préavis de départ était parti dans la semaine.
Sur la table en plastique étaient posés tous les bijoux qu’il lui avait offerts (des boucles d’oreilles, des bracelets, pas de bagues), une clé USB remplie de photos, une paire de tongs, trois pulls, des Cds de folk, une aquarelle d’un paysage andalou, une dizaine de livres de poche, des cartes postales, deux magnets aux effigies de la Bretagne, trois lettres froissées, et encore quelques attrape-poussières posés sur des vielles affiches de festival de musique.
Ses doigts se crispèrent. Elle souleva la table d’un coup sec et tout le bazar bariolé glissa dans un raclement vers le feu de branchages. Les flammes accusèrent le coup un bref instant avant de repartir à l’assaut du papier. L’heure était venue de faire table rase du passé.
Jérôme Pinel.
(Texte issu de la série “Les détournements”)
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